L’électromyographie de surface (EMG de surface ou sEMG) est une technique non invasive qui enregistre les signaux électriques générés par les muscles lors de leur contraction, offrant des informations bien au-delà de ce que permettent l’observation visuelle ou la palpation. Cette technologie est devenue un outil essentiel en kinésithérapie, rééducation, performance sportive et ergonomie, apportant des données précieuses pour le diagnostic, l’optimisation des entraînements et l’éducation des patients.
Dans cet article, nous explorons ce qu’est l’EMG de surface, ses avantages, ses limites, ses applications, ainsi que les bonnes pratiques pour préparer des évaluations précises. Avec des capteurs portables comme le K-Myo de Kinvent, les praticiens peuvent réaliser des analyses musculaires de haute précision partout, du cabinet de rééducation aux terrains de sport, et ainsi prendre des décisions éclairées en matière de rééducation, de performance et de recherche.
CONTENTS
1- Qu’est-ce que l’EMG de surface ?
2- Avantages et potentiel de l’EMG de surface
3- Limites de l’EMG de surface
4- Applications de l’EMG de surface
5- Comment les signaux EMG sont-ils détectés ?
6- Composants du signal EMG
7- Facteurs clés influençant la qualité et l’interprétation du signal EMG
8- Stratégies pour un placement efficace des électrodes en EMG de surface
9- Comment préparer une évaluation avec un dispositif EMG
10- FAQ : répondre à vos questions sur l’EMG de surface
11- Conclusion
12- Références
1- Qu’est-ce que l’EMG de surface ?
L’électromyographie de surface (sEMG) est une technique spécialisée qui permet d’enregistrer, d’analyser et d’interpréter les signaux myoélectriques (ces minuscules impulsions électriques produites lorsque les fibres musculaires sont activées). Ces signaux reflètent les changements physiologiques au niveau des membranes des cellules musculaires lors de la contraction.

Contrairement à l’EMG clinique traditionnelle en neurologie, qui utilise souvent des aiguilles et se concentre sur des réponses musculaires artificiellement induites dans des conditions statiques, l’EMG de surface mesure l’activité musculaire volontaire dans des situations réelles. Elle est ainsi particulièrement utile pour évaluer la posture, le mouvement dynamique, les tâches professionnelles, la performance sportive ou encore les exercices de rééducation.
En traduisant ces schémas électriques en graphiques visuels, l’EMG de surface permet aux professionnels d’observer comment les muscles s’activent, se coordonnent et se relâchent. Combinée à d’autres outils biomécaniques comme les unités de mesure inertielle (IMU) ou les plateformes de force, elle offre une vision complète de la fonction musculaire et du contrôle neuromusculaire.
2- Avantages et potentiel de l’EMG de surface
L’EMG de surface se distingue comme une méthode sûre, non invasive et précise pour analyser l’activité musculaire. Contrairement à l’observation visuelle ou à la palpation, elle fournit des données objectives et quantifiables sur le fonctionnement des muscles, aussi bien au repos qu’en mouvement.
Ses principaux atouts incluent :
- Analyse musculaire approfondie : l’EMG de surface révèle les schémas d’activation, le timing et la coordination invisibles à l’œil nu.
- Retour visuel en temps réel : les graphiques permettent aux professionnels et aux patients de comprendre instantanément le fonctionnement musculaire.
- Intégration avec d’autres capteurs : associée à des dynamomètres de préhension, dynamomètres de traction, dynamomètres manuels ou à des plateformes de force, elle offre une vision complète de la biomécanique.
- Soutien à la pratique fondée sur les preuves : les données peuvent être partagées avec des confrères, chercheurs ou médecins pour justifier les choix thérapeutiques.
- Implication accrue du patient : voir leur activité musculaire aide les patients à mieux suivre les recommandations de rééducation.

En répondant à des questions comme « Le muscle ciblé s’active-t-il correctement ? » ou « Existe-t-il un schéma compensatoire ? », l’EMG de surface devient un outil clé pour optimiser l’entraînement, la rééducation et la performance.
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3- Limites de l’EMG de surface
Bien que l’EMG de surface soit un outil d’évaluation puissant, elle présente certaines limites que les utilisateurs doivent prendre en compte :
- Portée de mesure limitée : il peut être difficile d’enregistrer simultanément plusieurs sites musculaires, surtout lors de mouvements complexes.
- Substitution musculaire : différents muscles peuvent produire des mouvements similaires, rendant plus difficile l’isolement du muscle ciblé.
- Crosstalk : les signaux provenant de muscles voisins peuvent interférer avec les enregistrements et réduire leur spécificité.
- Problèmes de standardisation : des variations dans le placement des électrodes entre les sessions ou entre les praticiens peuvent affecter la cohérence des données.
- Limites d’interprétation : l’EMG de surface mesure l’activité électrique, pas la force musculaire ; les résultats doivent donc être normalisés correctement pour permettre une comparaison fiable.
Comprendre ces contraintes et appliquer des techniques de mesure précises et standardisées garantit que l’EMG de surface fournisse des données fiables et exploitables.
4- Applications de l’EMG de surface
Initialement utilisée en recherche physiologique et biomécanique, l’EMG de surface est aujourd’hui un outil polyvalent déployé dans les domaines de la santé, du sport et de l’industrie.
Kinésithérapie & Rééducation
- Suivi de l’activation musculaire après une chirurgie ou une lésion neurologique.
- Évaluation de la progression du patient et adaptation du plan thérapeutique.
- Biofeedback pour améliorer le contrôle moteur.
👉 Exemple pratique : prévenir l’inhibition du quadriceps après chirurgie du genou
En rééducation post-chirurgicale du genou, l’EMG de surface est particulièrement utile pour lutter contre l’inhibition du vaste médial du quadriceps (VMO), un problème fréquent qui retarde la récupération fonctionnelle. Grâce au biofeedback visuel en temps réel, le patient peut voir immédiatement si le muscle s’active correctement. Associé à un tempo training (contrôle du rythme de contraction et de relâchement), cela permet d’améliorer le recrutement du VMO, de rétablir une activation harmonieuse du quadriceps et d’accélérer le retour à la marche et aux activités sportives.
Sciences du sport & Performance
- Analyse du recrutement musculaire pendant l’entraînement.
- Détection d’inefficacités ou de compensations dans le mouvement.
- Personnalisation des programmes pour optimiser la performance et réduire le risque de blessure.
Ergonomie & Santé au travail
- Évaluation de la charge musculaire lors de tâches professionnelles.
- Mise en place de stratégies de prévention des blessures.
- Optimisation de l’équipement et de l’aménagement des postes de travail.
Recherche & Biomécanique
- Étude de la coordination musculaire, de la fatigue et de la génération de force.
- Association avec des plateformes de force et des systèmes de capture de mouvement pour un profil biomécanique complet.
Des cabinets de rééducation aux centres d’entraînement sportif de haut niveau, l’EMG de surface fournit les données objectives nécessaires pour optimiser le mouvement, la récupération et la performance.
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En matière d’électromyographie de surface (EMG de surface), disposer de données précises et en temps réel est essentiel. C’est là que le K-Myo de Kinvent intervient. Ce capteur EMG non invasif permet aux cliniciens, kinésithérapeutes et chercheurs de mesurer facilement l’activation musculaire, la coordination, la fatigue et le timing.
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5- Comment les signaux EMG sont-ils détectés ?
L’EMG de surface fonctionne en détectant les infimes variations électriques qui se produisent lorsque les fibres musculaires sont activées. Lorsqu’un influx nerveux atteint un muscle, il provoque un changement rapide du potentiel de membrane de la fibre musculaire — appelé dépolarisation — suivi d’une repolarisation lorsque la fibre revient à son état initial.
Cette activité électrique crée une différence de potentiel mesurable grâce à deux électrodes de surface placées sur le muscle. Lorsque le potentiel d’action se déplace le long de la fibre, la tension entre les électrodes varie, produisant un signal bipolaire qui reflète l’activité combinée de nombreuses fibres au sein d’une unité motrice.
Une détection fiable repose sur :
- Un placement précis des électrodes
- Une amplification de haute qualité pour capter des signaux subtils dans la plage des microvolts
- Une réduction du bruit pour éviter les interférences provenant de muscles voisins (crosstalk) ou de sources externes
Grâce à ce processus, l’EMG de surface transforme une activité musculaire invisible en données claires et mesurables, prêtes à être analysées en contexte clinique, sportif ou de recherche.
6- Composants du signal EMG
Superposition des potentiels d’action d’unités motrices
L’activité électrique détectée au niveau des électrodes est la superposition des potentiels d’action des unités motrices (Motor Unit Action Potentials – MUAPs) provenant de toutes les unités motrices actives. Cette superposition produit un signal bipolaire avec une distribution symétrique d’amplitudes positives et négatives, dont la moyenne est proche de zéro. Ce signal combiné est appelé patron d’interférence (interference pattern) et représente un instantané de l’activité électrique musculaire lors des contractions.
Recrutement des unités motrices et fréquence de décharge
L’intensité et la densité du signal EMG sont principalement influencées par :
- Le recrutement des unités motrices : plus d’unités motrices sont recrutées, plus l’amplitude du signal augmente, reflétant une production de force musculaire plus élevée.
- La fréquence de décharge : le rythme auquel une unité motrice est activée influence également la génération de force.
Il est important de noter que les enregistrements d’EMG de surface sont filtrés par la peau et les tissus conjonctifs, ce qui modifie légèrement les caractéristiques originales du signal. Malgré cela, l’EMG de surface reflète globalement les schémas de recrutement et de décharge des unités motrices, offrant des informations précieuses sur le comportement et la performance musculaire.
7- Facteurs clés influençant la qualité et l’interprétation du signal EMG
Pour que l’EMG de surface fournisse des résultats fiables, plusieurs facteurs doivent être maîtrisés :
- Caractéristiques tissulaires : la présence de tissu adipeux sous-cutané, le niveau d’hydratation, le type de fibres musculaires et la circulation sanguine peuvent modifier l’amplitude et la fréquence du signal.
- Crosstalk physiologique : les muscles voisins peuvent générer des signaux qui interfèrent avec l’activité du muscle ciblé.
- Géométrie électrode–muscle : les changements de longueur musculaire et les mouvements articulaires peuvent modifier la distance et l’alignement des électrodes.
- Bruit externe : les lignes électriques, les appareils électroniques ou une mauvaise mise à la terre peuvent contaminer le signal.
- Électrodes et amplificateurs : le type, la taille, le placement, la distance inter-électrodes et la qualité du matériel influencent directement la précision des données.
En tenant compte de ces paramètres et en appliquant une méthodologie rigoureuse, les praticiens peuvent s’assurer que leurs enregistrements d’EMG de surface reflètent fidèlement l’activité du muscle ciblé.
8- Stratégies pour un placement efficace des électrodes en EMG de surface
Le placement correct des électrodes est essentiel pour obtenir des données d’EMG de surface précises et reproductibles. Les électrodes constituent les capteurs principaux de l’activité musculaire, et leur positionnement a un impact direct sur la qualité du signal. Bien que la littérature scientifique sur le sujet soit limitée, plusieurs principes clés permettent d’optimiser les enregistrements sEMG
- Proximité avec le muscle ciblé : réduire la couche tissulaire entre les électrodes et les fibres musculaires minimise la perte de signal et les interférences, garantissant un enregistrement plus précis.
- Alignement avec les fibres musculaires : un positionnement parallèle à l’orientation des fibres maximise la sensibilité et la spécificité. Un placement perpendiculaire peut réduire la sélectivité et altérer la clarté du signal.
- Éviter la zone motrice : placer les électrodes directement sur la zone d’innervation peut entraîner une amplitude plus faible. L’idéal est de les positionner le long de la ligne médiane du ventre musculaire, à mi-distance entre la zone d’innervation et le tendon.
- Utiliser des repères anatomiques : cela améliore la reproductibilité entre les sessions et entre praticiens, ce qui est crucial pour les suivis longitudinaux, les évaluations cliniques et le monitoring de performance.
- Prendre en compte la praticité : les électrodes ne doivent pas gêner le mouvement ou la vision, et doivent éviter les plis cutanés, les reliefs osseux ou toute zone compromettant le confort.
- Limiter les interférences : choisir la taille et l’espacement adaptés des électrodes aide à réduire le crosstalk et à isoler l’activité du muscle ciblé, améliorant ainsi la fiabilité des mesures.
Le respect de ces principes améliore la qualité des données et facilite la comparaison des résultats au fil du temps.
9- Comment préparer une évaluation avec un dispositif EMG
Une préparation soignée est indispensable pour obtenir des mesures de qualité :
- Placement des électrodes : utiliser des repères anatomiques, les placer parallèlement aux fibres musculaires et aussi proches que possible, en choisissant la taille la plus adaptée.
- Préparation de la peau : raser si nécessaire, nettoyer avec un abrasif doux puis à l’alcool pour réduire l’impédance cutanée.
- Vérification initiale : contrôler le niveau de bruit, l’absence de décalage de zéro et la stabilité du signal lors des mouvements articulaires.
- Validation du signal : réaliser des contractions statiques de test pour confirmer que le muscle cible est bien enregistré.
- Cohérence des mesures : mesurer la distance inter-électrodes avec un ruban souple et la reproduire d’une session à l’autre (selon les recommandations de SENIAM).
10- FAQ : répondre à vos questions sur l’EMG de surface
Quelle est la différence entre EMG et EMG de surface ?
L’EMG traditionnelle utilise souvent des électrodes à aiguille pour mesurer l’activité de muscles profonds en neurologie clinique. L’EMG de surface utilise des électrodes posées sur la peau pour mesurer l’activité musculaire volontaire, de manière non invasive et adaptée à l’analyse du mouvement.
L’EMG de surface peut-elle être utilisée dans le sport ?
Oui. Elle est largement utilisée en sciences du sport pour analyser le recrutement musculaire, détecter des compensations, optimiser les programmes d’entraînement et réduire les risques de blessure.
L’EMG de surface est-elle douloureuse ?
Non. Elle est totalement non invasive et consiste uniquement à poser des électrodes sur la peau.
Quelle est la précision de l’EMG de surface ?
Elle dépend du placement des électrodes, de la préparation cutanée et de la qualité du signal. Le respect des bonnes pratiques garantit des résultats fiables et reproductibles.
11- Conclusion
L’EMG de surface a transformé notre manière d’évaluer et de comprendre la fonction musculaire. En fournissant des données objectives et en temps réel sur l’activation, la coordination et la relaxation musculaire, elle permet aux cliniciens, entraîneurs et chercheurs de prendre des décisions précises et fondées sur les preuves. De la rééducation à l’optimisation de la performance, en passant par l’ergonomie, ses applications sont vastes et déterminantes.
Avec des dispositifs portables et précis comme le K-Myo de Kinvent, vous pouvez intégrer l’analyse musculaire avancée dans n’importe quel environnement, maximisant ainsi l’accessibilité et l’efficacité. En clinique, en salle de sport ou en laboratoire, l’EMG de surface vous permet de suivre les progrès, d’optimiser les interventions et d’impliquer pleinement les patients ou les athlètes dans leur parcours de performance.
12- Références
- BASMAJAN J.V., DE LUCA CJ. Muscles Alive: Their Functions Revealed by Electromyography. Williams & Wilkins, 5th Edition, 1985.
- MERLETTI, R., & PARKER, P. (2004). Electromyography: physiology, engineering, and non-invasive applications. John Wiley & Sons.
- CRAM JR, STEGER JC. EMG scanning and the diagnosis of chronic pain. Biofeedback Self Regul. 1983;8:229–241.
- FARINA, D., MERLETTI, R., & ENOKA, R. M. (2014). The extraction of neural strategies from the surface EMG. Journal of Applied Physiology, 117(5), 491-501.
- ENOKA, R. M. (2002). Neuromechanics of human movement. Human Kinetics.
- DE LUCA, C. J. (1997). The use of surface electromyography in biomechanics. Journal of Applied Biomechanics, 13(2), 135-163.
- FRIDLUND AJ, CACIOPPO JT. Guidelines for human electromyographic research. Psychophysiology. 1986 Sep;23(5):567-89. doi: 10.1111/j.1469-8986.1986.tb00676.x. PMID: 3809364.
- KASMAN G, CRAM JR, WOLF S. Clinical Applications in Surface Electromyography. Gaithersburg, MD: Aspen; 1997
- TAYLOR W. Dynamic EMG biofeedback in assessment and treatment using a neuromuscular reeducation model. In: Cram JR, ed. Clinical EMG for Surface Recordings, II.




